Tête à tête - club photo onet-le-chateau

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Tête à tête




Jean-François BERTRAND
INTERVIEW 20 janvier 2018
Interviewé par Jacques Rigaud


Bonjour Jean-François,

Peux-tu commencer par te présenter ?
 
71 ans de fraîche date (tant pis pour moi, je n'avais qu'à naître moins tôt), résidant dans le quartier des Quatre Saisons à Onet le château. Je suis né au pied de la cathédrale de Rodez et j'ai conservé ce besoin viscéral de la contempler. Ainsi que le dit Brassens, je fais partie en quelque sorte de «ces imbéciles qui sont nés quelque part».
 
    J'ai passé quarante ans de ma vie professionnelle dans une entreprise de Pompes Funèbres dont les Dix dernières années en tant que directeur. On ne sort pas indemne d'un tel métier et, au risque d'en surprendre plus d'un, ce métier, je l'ai aimé. Il m'a fait découvrir  l'âme humaine dans ce qu'elle comporte de grandeur, de misère, de bassesse parfois.

 
Tu es voyageur-explorateur... et photographe. Quels parallèles établies-tu entre ces disciplines? Ton appareil photo fait-il aussi de toi un reporter?
 
 Disons que je revendique être un « voyageur curieux ». Il est vrai que ma manière de concevoir un voyage ne s'accommode pas du « tout compris » et du « tout prévu ». J'apprécie par-dessus tout l'imprévu. Je recherche ce qui va me surprendre, m'étonner, peut-être, me déstabiliser. Ces rencontres improbables je les ai découvertes en Iran, en Éthiopie, au Pakistan...Il ne suffit pas, cependant, d'aller très loin. Seulement croiser quelqu'un de différent de soi-même, lui tendre la main et échanger quelques mots. Voici ce que j'ai vécu dans un pays touristique par excellence : la Tunisie. Le hasard me met en présence  d' un jeune homme, nous parlons de tout et de rien jusqu'au moment où je lui fais part de mon envie de posséder, comme lui, une chevelure drue, bouclée, noir de geai alors que mon crane ne s'orne que de quelques poils épars et voici sa réponse : « je te donne mes cheveux, je prends ton âge et toi le mien mais en contrepartie j' échange aussi ma vie contre la tienne ! » Difficile de rester indifférent n'est-ce pas ?

 
Depuis combien de temps la photo fait-elle partie de tes passe-temps favoris ? Comment en es-tu arrivé là ? Des photographes t'inspirent-ils? Lesquels?
 
   La photo est le support de ma mémoire. Parmi celles que je conserve il n'en est pas une qui n'ait une histoire. L'humain est mon sujet favori. Ce qui guide le choix de mes destinations tient aux coutumes et croyances, religieuses ou non, qui subsistent dans le quotidien de populations peu enclines à entrer dans le moule que l'on veut leur imposer. Les visages de ces gens parlent d'eux même marqués par les traces que la vie a dessinées. Je n'ai aucunement la prétention de comprendre ce que je vois. Je suis seulement un témoin de passage. Je suis également attiré par les grands espaces (déserts, montagnes). Je voudrais tellement voir ce que me cachent mes yeux de myope. Ce qu'il y a au-delà des montagnes, au-delà de l'horizon. J'aime aussi être témoin des colères de la terre (volcanologie). Tout cela alimente mes rêves.

  
Combien de temps par jour, par semaine, par mois consacres-tu à la photo? Déplacement, prise de vue, développement, temps passé sur les forums ? Y-a-t-il un aspect de la photographie qui te prend plus de temps que le reste ?
 
  J'ai trouvé dans la photo un moyen de fixer un événement dans le temps. J'aime raconter des histoires et quel meilleur support qu'un cliché pour agrémenter ses propos ? Je ne connais que peu de choses du monde de la photo. Je consulte rarement des revues spécialisées mais je dois dire que j'ai été subjugué par la découverte d'un très grand : Sébastiao Salgado.

  
Dans la pratique de ce passe-temps, qu’apprécies-tu ? Que t'apporte t-il? Quels sont les moments que tu préfères ? Je m'efforce de reproduire ce qui m'émeut et c'est souvent un sentiment de raté qui subsiste. Ce n'est pas bon. Ce n'est pas ce que j'ai vu ou que j'ai ressenti. Bien que très peu de mes photos ne me satisfassent je dois me persuader que ça répond à une certaine logique.

  
Même si le matériel n’est pas forcément important, peux-tu nous donner une idée de ce que tu as comme équipement ? Pourquoi l’as-tu choisi ? Comment l'utilises-tu?
 
 Je ne possède pas un matériel très sophistiqué. Le boitier est un nikon D 90 et j'ai deux objectifs : un 18/85 que j'utilise le plus souvent et un 70/300.

  
Si tu avais un budget illimité, que ferais-tu? (tour du monde photo,  safari permanent, boîtier moyen format, studio haut gamme, etc.).
 
 Si je le pouvais j'irais m'immerger plusieurs mois dans un monde autre. Un monde peuplé de gens « vrais », non viciés par le modernisme.

 
Depuis combien d'années as-tu rejoint le Photo Club d'Onet? Qu'y trouves-tu ? Quelles sont les choses que tu aimes et celles que tu aimes le moins ?
 
 Il y a maintenant quatre ans que je fréquente le club photo. Je ne connaissais rien ou presque. J'ai appris des choses de base qui me permettent de me faire plaisir (technique, retouches etc). J'apprécie de côtoyer des personnes qui ne se prennent pas pour de nouveaux Doisneau. J'apprécie les critiques constructives et l'ambiance amicale qui règne lors de nos réunions.

  
Préférais-tu avoir une barbe en steak haché ou des sourcils en frites?
 
Je suis « sinistré de la toiture » alors « exit » mes cheveux  et au diable la chirurgie esthétique. Croquer la vie à pleines dents : un rêve qui s'émousse et s'amollit peu à peu (la faute à mes ratiches et aux années qui défilent). Bien heureusement il existe des leurres, de la purée et des compotes.

  
As-tu un site où on peut admirer tes œuvres?
 
 Je n'ai pas de site perso et n'ai pas envie d'en créer. Désolé !.

  
Choisis quelques photos que tu voudrais mettre en avant et explique-nous pourquoi tu les as choisies ?

 
 
Le lac Inlé en Birmanie est un spectacle fascinant. Le plus envoûtant qu'il m'ait été donné de voir.
Belle lumière au couchant et des pêcheurs accaparés par leur travail et qui ne se souciaient aucunement des nuisances occasionnées par la présence de touristes.







 
La Province du Guizhou dans le sud de la Chine est un des rares endroits non touché par la frénésie destructrice de « l'ancien » qui caractérise ce pays. J'ai pu me balader à mon gré dans de vieux villages, ici au milieu de joueurs de cartes, les photographier tout à loisir sans que je sente chez eux la moindre réticence.







 
Volcan du Dallol dans l'extrême Est de l'Éthiopie. Ce type de volcan, unique au monde, propose des vues de concrétions acides qui pourraient faire croire à des coraux sous-marins.








 
Caravane de sel dans le désert du Danakil (Éthiopie) Endroit le plus chaud de la planète (la température oscille autour des 50 degrés). La population est hostile aux visiteurs (c'est la pire que j'ai rencontrée).





 
Vallée de la Hunza au Pakistan. Les montagnes du Karakoram offrent des paysages à couper le souffle. Ici le massif de la Cathédrale (mais oui elle se nomme ainsi) dans le Baltistan.







Cliché pris dans la bourgade de Chitral au Pakistan en bordure de l'Afghanistan. Tout l'amour et la protection paternelle transparait dans cette photo.
Ce n'est peut-être pas la meilleure mais elle est ma préférée.



 
 
 
Merci beaucoup Jean-François de nous avoir accordé cette interview.

INTERVIEW 20 juillet 2017
Gérard Fournier
Interviewé par Jacques Rigaud

Bonjour Gérard,

Pourrais-tu commencer par te présenter ?
J’ai 69 ans, j’habite sur la commune d’Olemps au lieu-dit Canteserp , en pleine nature face à Rodez .
J’ai une formation d’électricien (métier que je n’ai jamais exercé …). J’ai travaillé dans le prêt-à-porter comme vendeur étalagiste quelques années, ensuite j’ai exercé la profession d’encadreur puis peintre, graveur, et sculpteur.

Tu es peintre, sculpteur, guitariste…et photographe. Quels parallèles établis-tu entre ces disciplines ? Que t’apporte la photographie ?
Ces disciplines me procurent une forme d’évasion et une raison d’être, hormis la musique, le sens de l’observation et de la réflexion sont très présents.
La photographie m’apporte  le moyen de fixer l’instant fugitif, l’éphémère et je la vois de plus en plus comme un complément à ma démarche artistique.

Depuis combien de temps la photographie fait-elle partie de tes passe-temps favoris ? Comment en es-tu arrivé là ? Des photographes t’inspirent-ils ? Lesquels ?
Cela fait quelques décennies que je pratique plus ou moins régulièrement la photographie. Avec l’argentique je faisais des photos papier qui me servaient d’aide-mémoire graphique pour mes peintures,  ainsi que des diapositives lors de mes promenades et voyages.
Elle me permettait, ainsi qu’aujourd’hui, de photographier mes œuvres, même si pour les publications je faisais appel à un photographe professionnel (le président de notre club… !)
Souvent je feuilletais la revue incontournable «  Chasseur  d’Images », riche en conseils techniques et critiques, à travers laquelle je découvrais d’excellents  photographes comme Vincent Munier et tant d’autres…. D’autres revues telles que « Nature Images » et « Macro Photographie» me permettent aussi d’enrichir mon regard.

Combien de temps par jour, par semaine, par mois consacres-tu à la photographie ? Déplacement, prise de vue, développement, temps passé sur les forums ? Y-a-t-il un aspect de la photographie qui te prend plus de temps que le reste ?
Je pratique la photo d’une façon irrégulière, lors de mes déplacements je prends toujours mon compact avec lequel je traite différents sujets au hasard de mes rencontres. Lorsque je sors avec l’intention  de faire de la macro ou de la proxy, je prends mon matériel adéquat (réflex et objectifs spécifiques).
Si toutes les conditions sont remplies (sujet, bonne lumière…), je fais 20 à 40 photos, certaines sont triplées voire quadruplées quand le sujet est intéressant. Ensuite, après un visionnage à l’ordinateur un tri s’effectue afin de garder les plus satisfaisantes. Si dans le lot j’en retiens  2, 3 ou 4  ce sera bien, la sortie n’aura pas été vaine …..
Quant au post traitement je fais parfois un peu de recadrage, corrige légèrement les contrastes, lumières et netteté, effets noir et blanc pour certains sujets, Je passe en définitive peu de temps à la correction, 5 mn maximum, car je pars du principe que tout doit être dit à la prise de vue.

Dans la pratique de ce passe-temps, qu’apprécies-tu ? Que t’apporte-t-il ? Quels sont les moments que tu préfères ?
Je vois de plus en plus la pratique de la photographie comme une suite  à ma démarche de peintre sculpteur, moments où je suis ailleurs et où le temps s’échappe……  
Ce qui m’intéresse c’est de créer une image à travers l’objectif d’où l’intérêt de la proxy et de la macro : isoler un sujet et composer un fond qui le mettra en valeur, jouer avec la profondeur de champ est un véritable plaisir.
La lumière est aussi une de mes sources d’inspiration notamment dans les scènes nocturnes, créer des atmosphères, des ambiances …
Depuis plusieurs mois je fais une recherche liée à ma sculpture que j’espère un jour pouvoir montrer à travers une expo sculpture-photo. Je photographie des effets de lumières dans les églises, cathédrales, chapelles, créés par les vitraux se reflétant sur les dalles, c’est tout à fait en accord avec mes compositions pierre et verre.

Même si le matériel n’est pas forcément important, peux-tu nous donner une idée de ce que tu as comme équipement ? Pourquoi l’as-tu choisi ? Comment l’utilises-tu ?
J‘ai un compact Canon Powershot G16 qui me suit dans mes déplacements en raison de sa polyvalence  et de son faible encombrement.  Ensuite j’ai un réflex Nikon D7000, comme objectif un  Nikon 24–85mm pour le paysage ayant la particularité d’avoir une position macro. Un Nikon 300 F4 idéal pour les proxys : fleurs, papillons, libellules …Egalement un Sigma 150  f/2,8 macro. La plupart de mes photos sont prises en mode priorité à l’ouverture, à main levée, parfois je m’aide d’un monopode.


Si tu avais un budget illimité, que ferais-tu (tour du monde photo, safari permanent, boîtier moyen format, studio haut de gamme etc…) ?
Si j’avais un budget illimité, je m’offrirais un télé 500 F4 avec lequel je prendrais un malin plaisir à aller « fouiller » dans la nature à la recherche d’une faune et d’une flore qui m’interpelleraient. Pour l’instant  j’attache plus d’importance aux objectifs qu’aux boitiers.
Voyager : retourner en Ecosse pays propice à la photo de paysage, d’autres contrées  comme l’Andalousie, l’Italie avec sa Venise magique … Par contre la recherche d’exotisme ne m’attire guère celui-ci étant trop exploité et galvaudé, même si je suis sûr que j’y trouverais des sources d’inspiration, l’humanité étant tellement diversifiée.
Mais sans aller très loin dans le chemin de Canteserp au-dessus de chez moi, par une belle lumière du soir, je voyage aussi, il suffit de trouver un sujet : par exemple une plume accrochée à des graminées !!!

Depuis combien d’années as-tu rejoint le Photo-Club d’Onet ? Qu’y trouves-tu ? Quelles sont les choses que tu aimes et celles que tu aimes le moins ?
J’ai rejoint le club il y a 4 ans car je souhaitais acquérir des connaissances techniques, les appareils numériques étant en définitive  très complexes. Ensuite je trouve que le partage, découvrir le regard des autres c’est aussi intéressant, également les voyages du club sur 3 jours où on est immergé dans la photo toujours dans une bonne ambiance.

Préfèrerais-tu avoir une barbe en steak haché ou des sourcils en frites ?
Je ne pense pas que tout cela soit très photogénique, par contre un bon steak-frites pourquoi pas, j’adore les frites !

As-tu un site où on peut admirer tes œuvres ?
Je n’ai pas de site, mais de temps en temps je publie sur ma page Facebook des séries comme : « ombres et lumières à la cathédrale de Mende »,   « un après-midi dans mon jardin »,  «  voyage dans un iris » ….

Choisis trois de tes photos que tu voudrais mettre en avant et explique-nous pourquoi tu les as choisies ?

«  Dans la cage » Canon G16 F3,2  1/2000  160iso

Photo prise dans la Z1 de Toulouse où je me promenais en attendant la fin d’un examen médical de ma fille, j’ai été attiré par ce personnage qui marchait tout en téléphonant dans cette cage de verre.
Moment fixé par la magie de la photo symbolisant notre époque qui peut être parfois froide et impitoyable.






« Dans mon jardin »  Nikon D7000  Ob.300  F4  1/3200 F4  EV -3,7  200 iso

Ce qui me plaît c’est de faire une photo avec presque rien, un sujet tout à fait banal : un simple bouton d’or sous un bel éclairage dans une pénombre végétale avec une composition toute simple.






« Ombre et lumière »  Canon G16  F/5  1/15   EV - 3,7  200 iso

«  Cette photo correspond à la recherche que je fais en ce moment, elle est tout à fait en rapport avec ma sculpture : un graphisme lumineux projeté sur des
dalles dans la pénombre, c’était dans la chapelle d’Andernos ."








Merci beaucoup Gérard de nous avoir accordé cette interview.




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